Embauché pour les compétences, renvoyé pour l'attitude

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Il y a quelques années, en plein vendredi après-midi, un collègue sur le terrain m’a envoyé un message : « OMG !!! Notre CFO est en train de se faire virer en direct. » Plus tard cette semaine-là, elle m’a raconté toute la scène lors de notre happy hour. Celui qui a inventé le bureau à parois vitrées n’avait clairement pas réalisé qu’il pouvait se transformer en un aquarium de drames corporatifs, visible par tout l’étage. « Nous l’avons vu marcher frénétiquement, crier sur le responsable des RH, » a-t-elle dit. Des gestes désordonnés, des papiers attrapés, des doigts pointés—tout ça sans effet, car tout le monde savait ce qui allait se passer. Il avait pris une série de décisions catastrophiques, la dernière étant sa couverture de change qui avait mal tourné. Au lieu de réduire le risque, il l’avait amplifié, laissant l’entreprise dangereusement exposée aux fluctuations des devises.

Les Biais Financiers et la Racine de l’Hubris

Je pense souvent à cette histoire quand je commence un nouveau projet. Lors de mes études en finance, j’ai rencontré des figures influentes comme Daniel Kahneman et les révélations de l’économie comportementale. L’Institut CFA le résume bien : certains biais dans la prise de décisions financières peuvent être corrigés par l’éducation, mais d’autres font partie de la nature humaine. L’excès de confiance, le comportement de troupeau et l’effet de cadrage ne sont pas réservés aux « Cryptobros »; ils affectent également les professionnels chevronnés de manière subtile, ce qui les rend plus difficiles à aborder. Il n’y aura jamais de permis d’autoconscience réduisant l’hubris de 75 %. Mais après une décennie à construire des pipelines de données et des tableaux de bord pour les décideurs clés, j’ai appris quelques astuces.

Analyse de Cas 1 : L’Expert-Comptable Devenu CFO

J’ai travaillé avec de nombreux CFO, et un nombre surprenant ne venaient pas de la finance. La plupart ont commencé comme comptables et ont gravi les échelons. Bien qu’ils excellent en précision et en conformité, ils portent souvent des biais issus de leur mentalité comptable. En pratique, cela signifie qu’ils se concentrent sur le contrôle et les opérations, plutôt que de penser stratégiquement au risque. Récemment, j’ai entendu un CFO dire : « Mais je n’ai aucun risque de change ! Chaque mois, je transfère tout le cash de l’USD au CAD pour équilibrer le solde. » Eh bien…

La solution appropriée dans ce cas est de les aider à exploiter leur réseau en fournissant des rapports prêts à l’emploi qu’ils peuvent partager, par exemple, avec un courtier. L’objectif n’est pas de leur enseigner de nouveaux concepts, mais de leur permettre de poser les bonnes questions aux bons professionnels, avec les bonnes données en main.

Analyse de Cas 2 : Les Investisseurs Professionnels et le Piège Compétitif

Même les investisseurs chevronnés, avec leurs qualifications et leur expérience, ne sont pas à l’abri des biais. Beaucoup opèrent dans des environnements concurrentiels et sous haute pression, où chaque trader gère son propre portefeuille, comme dans les cabinets de M&A ou de conseil qui cultivent des stars se disputant le même marché et les mêmes ressources. Si l’indépendance favorise la responsabilisation et la créativité, elle crée également des frictions : les partenaires peuvent retenir des informations, privilégiant leur propre performance au détriment du succès collectif du portefeuille. Cette dynamique transfère le risque systémique au PDG, qui doit gérer les risques du portefeuille tout en encourageant la réussite des performeurs vedettes.

Changer cette culture est presque impossible. Une solution est de doter la direction de systèmes de reporting qui agrègent les données de toutes les sources, garantissant une transparence totale à chaque niveau. J’ai vu ces projets se conclure par l’arrivée d’un gestionnaire de risques dédié, chargé de veiller à ce que les stars ne finissent pas par se concurrencer.

La Valeur de l’Humilité

Dans la pensée grecque antique, l’humilité signifiait reconnaître que les forces s’accompagnent de limites. L’hubris surgissait quand quelqu’un ignorait ses faiblesses, menant à une chute inévitable. Le véritable honneur résidait dans l’acceptation de son destin et l’utilisation de ses talents au service de la communauté. Dans le monde moderne, cela se traduit par l’acceptation des biais inhérents à la nature humaine et par le fait d’apprendre à travailler avec eux. Les gens n’ont pas besoin de leçons—ils ont besoin d’assistance. Et la plupart du temps, cette assistance consiste simplement à s’assurer que la bonne information parvienne à la bonne personne au bon moment.